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Changement climatique La filière laitière réaffirme son engagement dans la réduction des émissions

Le lancement de la ferme laitière bas carbone en 2015 a permis de fixer en 2018 l'objectif d'une réduction de 20 % de l'empreinte carbone du lait d’ici 2025.

À l’occasion de la 10e conférence Grand Angle lait, Joël Guillemin, responsable bas carbone de l’Institut de l’élevage (Idele) a fait le point sur les tendances d'évolution des réductions d'émissions de GES ainsi que sur l’engagement de la filière laitière face aux objectifs de neutralité climatique.

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Lors de son rendez-vous annuel, le secteur laitier est revenu sur les efforts déployés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), en rapport avec l’ambition de neutralité carbone pour 2050. Au cours de cette conférence Joël Guillemin, expert de l’Idele, s’est intéressé aux leviers disponibles pour limiter les émissions de carbone de l’interprofession.

Les objectifs de réduction des émissions GES

L'élevage laitier représente aujourd’hui 6,4 % des émissions nationales de GES, selon le Cniel (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière) « Cela se caractérise par un pouvoir de réchauffement global (PRG) du protoxyde d’azote, lié à l’utilisation des fertilisants, 273 fois plus élevé que le CO2 alors que la fermentation entérique du méthane totalise un PRG 27 fois plus élevé », explique le spécialiste de l'Idele.

Si l'impact de l'agriculture sur les écosystèmes est avéré, le secteur doit s'assurer que ses émissions directes ou indirectes soient en cohérence avec les trajectoires définies par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), tablant sur une limitation du réchauffement climatique de 1,5 à 2 degrés d'ici la fin du siècle, rappelle Joël Guillemin.

L'Union européenne s'est engagée à réduire les émissions nettes de 55 % d'ici 2030 par rapport à 1990. Dans ce contexte,, l'expert de l'Idele a rappelé plusieurs études prospectives permettant d'évaluer les tendances de consommation et d'évolution des émissions de GES. Le ministère de la transition écologique et solidaire a notamment établi une stratégie nationale bas carbone (SNBC) à l'horizon 2050, basée sur les recommandations nutritionnelles et le développement de l'agroécologie tablant sur une baisse de consommation des produits laitiers de - 25 %, et de viande de - 33 %. L'industrie laitière miserait ainsi sur une baisse des émissions de - 18 % à l’horizon 2030 par rapport à 2015 et de - 46 % à l’horizon 2050.

Les leviers du secteur pour la neutralité carbone

Au total le secteur compte 17 056 agriculteurs engagés dans les fermes bas carbone, soit environ un tiers des éleveurs, selon Joël Guillemin. Le lancement de la ferme laitière bas carbone en 2015 a permis de fixer en 2018 l'objectif d'une réduction de 20 % de l'empreinte carbone du lait d’ici 2025. La synthèse des résultats Cap'2ER de 2023 communiquée par l'Idele révèle une empreinte carbone nette de 0,86 kg équivalent CO2 par litre de lait pour le secteur. 

 

Dans le cadre de la réduction des émissions de GES, le sujet principal reste les émissions de méthane entérique. « Le plan Méthane 2030 doit permettre de travailler sur l’utilisation conjointe de leviers comme l'efficience génétique du troupeau, ou encore l'utilisation d'additifs dans l'alimentation », explique l'expert. La possibilité de compenser les émissions par stockage a également été évoquée. Dans cette optique, le potentiel serait beaucoup plus important pour les zones de grandes cultures avec l'extension des cultures intermédiaires. L'agroforesterie interparcellaire constitue le second levier, avant l'allongement des prairies temporaires, selon le professionel de l'Institut de l'élevage.

Les évolutions méthodologiques permettent également de réduire les émissions, comme la prise en compte de l'effet albédo ou de réfléchissement, deux fois plus important pour les prairies qu'un sol nu, même si cette methode n'est pas encore comptabilisée à ce jour dans les calculs de réduction de GES. Par ailleurs, certains scientifiques envisageraient de tenir compte de la durée de vie globale du méthane entérique, dont le PRG est plus important sur le court terme mais qui diminuerait beaucoup plus vite selon le spécialiste. À cela s'ajoute les nombreux co-bénéfices de l'activité agricole sur la biodiversité des prairies et le maintien des couverts végétaux. Dans ce cadre, la méthode carbon agri, de suivi des réductions des émissions, favorise la reconnaissance des efforts de l’élevage français  grâce à la labellisation bas carbone

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